Snowden, le lanceur d’alerte qui vous veut du bien

Roxane
6 min readNov 18, 2019

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La bande annonce du film Snowden ressemble étrangement à un nouvel épisode de la série dystopique Black Mirror. Et pourtant il n’en est rien. Ce film est basé sur la vraie vie d’Edward Snowden, le lanceur d’alerte qui a dénoncé la surveillance massive des communications mondiales par les services secrets américains. Retour sur le parcours hors-norme de cet homme qui a tout abandonné pour faire éclater la vérité au grand jour.

Il était une fois Edward Snowden

Avant de devenir l’ennemi public numéro 1 des Etats-Unis, Snowden était un américain on ne peut plus normal. Le jeune Edward, qui a grandit en Pennsylvanie dans la petite bourgade de Wilmington, déménage dans le Maryland où il commence à étudier l’informatique au lycée. A Crofton, dans la ville où il réside avec ses parents, presque tout le monde travaille pour l’armée ou la NSA.

Un bref passage dans l’armée avant une carrière dans le renseignement

C’est très certainement les attentats du 11 septembre 2001 et sa volonté d’« aider les peuples libres contre l’oppression » qui ont poussé Edward Snowden à s’engager dans l’armée. En mai 2004, le jeune homme très patriote se dit prêt à défendre son pays et à combattre dans la guerre d’Irak aux côtés des forces spéciales américaines. 4 mois plus tard, une blessure le contraint à abandonner l’armée. Déterminé à servir son pays, il intègre la NSA comme analyste avant d’être recruté par la CIA à seulement 21 ans. Il est envoyé pendant deux ans en mission aux Nations Unies à Genève, mais les pratiques peu communes de la CIA le pousseront à donner sa démission. Après avoir brièvement travaillé pour Dell à Tokyo, Snowden se fait volontairement embaucher à Booz Allen Hamilton, en tant qu’administrateur systèmes pour la NSA au Centre de renseignement régional SIGINT à Hawaii. Son but est simple : collecter des preuves sur les activités déviantes de la NSA.

Des informations top secrètes

Pour recueillir ces précieuses informations, Edward Snowden s’entoure de journalistes et chercheurs triés sur le volet. En 2012, il contacte anonymement Laura Poitras, future réalisatrice de « Citizenfour » après avoir lu l’un de ses articles du New York Times consacré à William Binney, un autre lanceur d’alerte. Puis ce sera au tour de Barton Gellman du Washington Post et de Jacob Appelbaum représentant de Wikileaks à la conférence HOPE 2010.

Un exemple des documents fournis par Edward Snowden

Glenn Greenwald précise que Snowden lui a confié entre 15 000 et 20 000 documents secrets américains. Une information que viennent contester les officiels de la NSA qui estiment que la fuite concernerait entre 50 000 et 200 000 documents.

L’exil politique du lanceur d’alerte

Snowden quitte les Etats-Unis en mai 2013, abandonnant un emploi qui lui assurait pourtant un mode de vie privilégié.

« Je suis prêt à sacrifier tout cela parce que je ne peux, en mon âme et conscience, laisser le gouvernement américain détruire la vie privée, la liberté d’Internet et les libertés essentielles des gens du monde entier avec ce système énorme de surveillance qu’il est en train de bâtir secrètement. » Edward Snowden

Il trouve pendant un moment refuge à Hong Kong avant de rejoindre la Russie. Snowden a demandé l’asile politique à vingt et un pays dont l’Islande, l’Allemagne, la France, l’Inde, la Chine, Cuba, l’Équateur ou encore le Brésil. Mais ses demandes sont perturbées par le fait que les Etats-Unis ont annulé son passeport faisant de lui un apatride. Un acte qu’il dénonce publiquement.

L’ancien agent de la NSA, aujourd’hui âgé de 36 ans vivrait toujours caché en Russie.

L’impact de Snowden sur la société

Les révélations de Snowden ont mis la lumière sur un problème de société qui était jusque là ignoré : la surveillance de masse. Mais quel impact, le lanceur d’alerte a t’il réellement eu sur ce phénomène ?

Le 1er novembre 2016 marque la sortie internationale du film « Snowden » en salles. Deux semaines plus tard, le Royaume Uni adopte une nouvelle loi sur le renseignement qui renforce considérablement les pouvoirs de surveillance des services de renseignement, mais aussi ceux de la police. Une décision amèrement regrettée par Snowden : « Le Royaume-Uni vient de légaliser la surveillance la plus extrême de l’histoire des démocraties occidentales. Elle va plus loin que certaines autocraties. » Il semblerait donc que les révélations de Snowden n’aient pas eu l’effet escompté sur la politique de surveillance de masse et que celle-ci ait encore de beaux jours devant elle.

La surveillance de masse au coeur de l’actualité

Les GAFA, dangers invisibles

« C’est une erreur de considérer la NSA comme une menace plus grave à la vie privée que les grandes entreprises technologiques » Edward Snowden

Nos informations sont-elles à l’abri sur Internet ? La réponse est non. Qui que l’on soit et d’où que l’on vienne, sur Internet notre vie privée est mise en péril par les géants GAFA. Ceux-là qui n’hésitent pas à revendre les photos que vous postez sur les réseaux à des partenaires commerciaux et tout ça sans demander votre accord. C’est un sujet qui fait beaucoup de remous dans le paysage médiatique. Facebook, Google et d’autres géants du web sont actuellement dans la ligne de mire de la justice.

L’année dernière, Youtube était accusé de collecter des informations personnelles sur des mineurs, sans que les parents le sachent, et de s’en servir pour permettre de la publicité ciblée. La filiale de Google a écopé de 170 millions d’euros d’amende.

L’art de la manipulation par Cambridge Analytica

Et si je vous disais que vos informations, en plus d’être collectées et partagées avec d’autres entreprises, étaient ensuite réutilisées à votre insu pour… disons servir une cause politique par exemple ? Et bien c’est exactement ce qu’a fait Cambridge Analytica.

La société, qui appartient à la famille du célèbre homme d’affaires de Wall Street Robert Mercer et principal donateur du républicain Ted Cruz, est à présent dans la tourmente. Cambridge Analytica est accusée d’avoir utilisé des données de 30 à 70 millions d’utilisateurs de Facebook, recueillies sans leur consentement, en passant par un quiz développé par un universitaire anglais, Aleksandr Kogan, et sa société Global Science Research (GSR). Le Guardian, The Observer et le New York Times ont révélé que non seulement les données récoltées par GSR pour le compte de Cambridge Analytica l’ont été à l’insu des internautes concernés (en présentant le quiz comme un simple exercice académique) mais que celui-ci absorbait les données bien évidemment des participants, mais aussi de leurs « amis » Facebook. Un stratagème qui serait à l’origine de l’élection de Donald Trump en tant que Président des Etats-Unis. Cette affaire a d’ailleurs fait l’objet d’un documentaire Netflix intitulé The Great Hack : L’affaire Cambridge Analytica.

L’inquiétant modèle chinois

Alors que la surveillance de masse est déjà bien ancrée dans le modèle de société chinois, des chercheurs ont mis au point une super caméra capable d’identifier aisément un individu parmi des dizaines de milliers. L’objectif du gouvernement est de faire le tri entre les « bons » et les « mauvais » citoyens. Outre la surveillance des minorités du pays, un système de points a également été adopté. C’est ainsi que pas moins de 23 millions de Chinois ont été tout simplement interdits de voyager à cause de leur mauvaise note sociale. Cette notation peut également influer sur l’ouverture d’un compte bancaire ou encore l’acceptation des étudiants dans les écoles.

Alors au final de qui faut-il se méfier le plus ? De la NSA et la CIA ou des grandes entreprises technologiques ? Ce qui est sûr c’est que le développement de nouvelles technologies, telles que Internet, les téléphones portables et tous les autres objets connectés, a indirectement conduit à une surveillance de la population mondiale et à une inévitable violation de la vie privée de ces individus. Au delà du problème éthique et moral posé par un tel phénomène, l’existence de systèmes de surveillance aussi aboutis nous amène à nous questionner sur le progrès technique et ses limites.

Par Roxane Leman

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